mardi 29 juin 2010

Le comité d'organisation: objectifs, méthodes, armée et politique

INTRODUCTION

Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, plusieurs États d’Asie et d’Afrique sont en lutte pour la décolonisation. C’est ce qui justifie la mise sur pied des syndicats et des partis politiques qui ont pour but de revendiquer les libertés individuelles et de déclencher le processus d’indépendance. Le Cameroun n’est pas étranger à cette lutte. Et le parti politique le plus représentatif et le plus farouche de tous est l’UPC (Union des Populations du Cameroun) qui n’est pas un parti administratif mais un parti de masse qui recherche avant tout la libération du pays du joug colonial. C’est pour mener à bien ses objectifs que ledit parti crée un Comité National d’Organisation(C N O) qui se chargera d’accompagner le pays tout au long de cette période de lutte. Et ce comité a tout un programme au sujet de l’indépendance. Le problème est celui de la finalité d’une telle organisation. Autrement dit quels sont les défis que la CNO s’est fixée ? Pour répondre à cette question il conviendra pour nous de donner les objectifs, les méthodes, la politique, l’armée et le bilan de cette organisation.

Deux mois avant les émeutes de mai 1955 qui coûteront la vie d’après le bilan officiel à 25 personnes (2européens et 23 camerounais dont un policier) et 62 policiers blessés…, il rentre dans le maquis et refuse de se présenter au tribunal le jour de l’audience de « l’affaire de Gelis contre Um ». C’est ainsi que dans le but de trouver des véritables solutions qui permettront aux camerounais d’accéder à l’indépendance dans un avenir raisonnable, le plus rapidement possible qu’une armée dénommée le Comité National d’Organisation a été crée le 02 Décembre 1956. Au cours d’une réunion de responsable de l’UPC, tous membres des comités centraux et secteurs départementaux y étaient convoqués. Ils venaient de Douala, d’Eseka, d’Edéa, Babimbi, Yabassi, Bafang, Yaoundé. Le débat était centré autour de la perspective d’une obstruction visant à empêcher les populations locales de délivrer un quitus au gouvernement en participation aux élections (ATCAM). Le chef militaire de cette armée est Isaac Nyobe Pandjock, ancien combattant de la Deuxième guerre mondiale. Qui n’est ni plus ni moins qu’un militaire aguerri. Le CNO pour atteindre sa finalité s’est fixé des objectifs et a pensé des méthodes pour arriver à ses fins.

I- LES OBJECTIFS DU COMITE NATIONAL D’ORGANISATION : PROGRAMME POUR SORTIR DU JOUG DU COLON

Les objectifs sont de divers ordre socio-politique, économique et même culturel.

1- SUR LE PLAN SOCIAL: ABOLIR TOUTE FORME DE DISCRIMINATION

Il est question de revendiquer la suppression des discriminations raciales. Si l’U.P.C parvient à énoncer un tel objectif c’est par le simple fait que pendant la colonisation, les colons avaient droit à beaucoup de privilèges. Notamment ils étaient logés dans les quartiers chics on pense à Bonandjo, Bonapriso. Et sur le plan politique les Camerounais n’étaient pas impliqués dans la gestion des affaires de leur pays. Et partant les autorités administratives étaient les Blancs. La suppression des discriminations raciales implique également l’opposition au système des travaux forcés, de l’indigénat et des provocations sanglantes, bref tout ce qui contribue à considéré le camerounais comme un sous homme.

Ø Obtenir la création d’une assemblée dotée de pouvoirs nécessaires pour délibérer sur les problèmes économiques, socio-culturels. Afin de fournir aux Camerounais un champ d’apprentissage à la gestion des affaires de leur pays. Ainsi, ces derniers apprendrons à faire les lois de leur pays et partant pourront s’autogérer.

2- SUR LE PLAN POLITIQUE: ACQUERIR LE STATUT DE CITOYEN

Demander l’institution d’un conseil exécutif qui permettra aux citoyens du pays d’apprendre pendant un laps de temps à diriger sous l’égide d’un haut commissaire de l’ONU le gouvernement de notre propre pays. Ceci dit le haut commissaire est là juste pour un moment; le temps de former les quelques citoyens choisis à la gestion de notre pays. On comprend que dans la logique du comité, il fallait d’abord former les personnes capables de gérer le pays avant d’envisager le départ des colons. Parce que tant qu’il y a pas de relève on est condamné soit à rester sous la domination étrangère soit alors courir le risque de s’enfoncer davantage parce que étrangers dans les questions administratives.

Ø Lutter pour l’application de tout ce qui est progressif dans les accords de tutelle. Par exemple, le développement de l’enseignement, la participation des autochtones dans l’administration de leur pays, le respect de la primauté des intérêts des autochtones en matière de propriété foncière et autres. Le respect des libertés fondamentales. L’école joue un grand rôle dans la décolonisation dans la mesure où elle permet dans un premier temps d’informer les jeunes sur leur histoire et propose par là même les perspectives pour solutionner ou apporter une vision nouvelle qui permettra de sortir de la disette. L’école à travers les programmes scolaires qui sont à l’image du politique permet d’inculquer aux apprenants l’idéologie en place. Aussi avec l’école nous pouvons avoir un esprit ouvert et être informé sur la politique interne, tout comme les stratégies qui permettront de faire face à l’ennemi, bien plus l’administration est devenue écrite et partant nous avons besoin des hommes capables de lire et comprendre les textes afin d’éviter de retomber dans le piège tendu à nos chefs traditionnels pendant la signature de Traités avec les colons. C’est en cela que l’école est d’un apport considérable et mérite d’être développée. Bien plus, la participation des autochtones dans la gestion du pays et le respect de leurs intérêts passent par une série de contrats qui nécessitent d’une façon ou d’une autre une certaine expertise

Ø Etablir les actes officiels de naissances, mariages, cartes d’identités camerounais et les titres fonciers etc. Ce qui permettra aux Camerounais d’avoir un statut de citoyen. Puisque pendant cette période coloniale ils restent encore des sujets des puissances coloniales, ils n’ont pas des droits mais rien que les devoirs et sont spoliés de leurs biens notamment les terres qui deviennent la propriété des maîtres. C’est donc pour s’affirmer entant qu’homme et préserver leurs vies ainsi que leurs biens que la légalité de toutes ces pièces est importante. Aussi l’autre rôle de ces pièces est celui de l’identification de l’individu et l’acceptation de sa participation au vote.

Ø Coordonner des formations paramilitaires et institutionnalisées

Ø Empêcher le déroulement des élections dans la Sanaga Maritime avant de savoir comment le boycottage actif se déroulera.

Cet organe devait comprendre un grand quartier par région administratif, ces secteurs correspondants aux sections départementales de l’UPC. Et des sections correspondant aux comités centraux. Un Etat major devait coordonner l’ensemble aux comités centraux au niveau international.

Nous pouvons de ce qui précède approuver à travers ces objectifs fixés par le CNO que son programme concernant la solution à l’indépendance était un programme d’école c’est-à-dire un programme dont l’exécution permettrait aux Camerounais de recevoir une formation adéquate pour pouvoir assumer les charges d’Etat découlant du recouvrement de notre souveraineté. On comprend par là que le Comité National d’organisation n’était pas forcément pour une méthode violente. Mais tout se dégrade lorsque le 23 décembre 1956, l’Assemblée Législative (ALCAM) du Cameroun remplace l’Assemblée Territoriale (ATCAM) et par conséquent que les élections sont prévues; les candidats peuvent alors se présenter à leur propre nom. A 10km d’Ebolowa, se tient un congrès du Courant d’Union National pour trancher de la participation de ses membres au Scrutin. A l’issue des débats, les partisans du boycott du Scrutin par les upécistes l’emportent sur ceux de la participation à celui-ci. Mais en 1957, A l’issue de ces élections, André-Marie Mbida, député du groupe parlementaire des Démocrates Camerounais, est désigné chef de l’Etat et Premier ministre de l’Etat autonome du Cameroun sous tutelle des Nations Unies par 56 voix pour et 10 contre. Et il se relèvera un farouche adversaire de l’UPC qu’il accusera dans un discours resté très célèbre « d’avoir trompé le peuple ». Au lendemain des élections, Pierre Messmer haut commissaire français, suggère alors l’organisation d’une élection partielle, tout spécialement pour Ruben Um Nyobé, afin de l’intégrer à l’Assemblée Législative du Cameroun. Il envoie pour cela l’archevêque de douala, Thomas Mongo à la rencontre d’Um pour des pourparlers. Celui-ci déclare que les institutions mises en place sont fantoches car L’UPC n’a pas le contrôle et exige d’être désigné Premier Ministre, à la place d’André Marie Mbida. Il demande que Messmer accepte une rencontre publique avec lui et que son parti forme un gouvernement d’union nationale. Egalement lors de la deuxième rencontre avec le prélat, il lui fait savoir que le Comité Central de l’UPC a siégé, et qu’il a conclu que Ruben Um Nyobé ne peut accepter qu’une seule et unique chose: le poste de Premier Ministre et rien d’autre. Aussi, il réclame l’application du projet de loi de l’amnistie, qui a été ajourné. Il réclame également l’abrogation du décret du 13 juillet 55 suite auquel l’UPC a été interdite. L’autre condition réside dans la déclaration solennelle par le gouvernement français pourtant sur la reconnaissance de l’indépendance et de la souveraineté du Cameroun même s’il précise bien que cette indépendance n’est pas subordonnée au départ de la France, Etat tuteur. C’est donc suite à cette nouvelle réalité politique, à ce refus des colons à coopérer en tenant compte des objectifs que les nationalistes ce sont fixés que ceux-ci vont mettre en place de nombreuses méthodes violentes voire sanglantes pour se faire entendre.

II-LES METHODES

Les méthodes sont les moyens par lesquels le Comité National d’Organisation est passé pour arriver à ses fins.

I-LA COERCITION

Comme moyens coercitifs, dans cette catégorie Nous pouvons noter la grève des impôts, la grève des achats dans les magasins Européens, le boycottage de certains secteurs administratifs tels que l’état civil ou les tribunaux. Entendons par là les services qui étaient occupés par les membres de l’UPC. Le CNO devait se charger de la stricte application du point d’isolement et de la dénonciation des valets. Bien plus, les upécistes décident de passer aux actions de sabotage. A partir de cet instant, les lignes téléphoniques sont sélectionnées, et les téléphones des administrateurs sont sur écoutes, les voies ferrées sont coupées à travers des explosifs, les enlèvements assassinats, les incendies, des ponts routiers détruits on pense à ceux de Yaoundé, Douala, Edéa avec le département de la Sanaga Maritime. Bref toutes ces zones passent sous contrôle de l’Union des Populations du Cameroun.

1- LA VOIE PASSIVE

A côté de tout ceci, l’UPC entre au maquis à partir dl’UPC. Décembre 1956, par les pétitions à l’Organisation des Nations Unies (ONU), nous avons également des marches, des grèves, des meetings, des discours et même des chants,Il y également les voies mystiques qui permettaient d’être invisibles face à l’ennemi et de disparaitre .Mais le CNO s’étendait jusqu’à l’étranger et on avait certains de ses représentants en France. La preuve c’est qu’il y a eu des étudiants en France qui ont milités à travers l’Union Nationale des Etudiants Camerounais (UNEC). A coté des moyens de coercitifs il y a des moyens humains puisque tout ce que nous avons cité plus haut n’a de sens que s’il y a des hommes pour les appliquer. En dehors des hommes qui étaient dans le maquis il faut noter qu’il y avait des femmes qui ont été d’un apport considérable. Puisque quand les upécistes étaient au maquis c’est elles qui transportaient des armes dans leurs « Kabas » (entendons par là les habits traditionnels en tissus pagne), les lettres pour les faire parvenir aux colons, c’est également elles qui alimentaient les maquisards.

2- L’APPORT EXTERIEUR

Le Comité Nationale d’Organisation avait les moyens financiers qui lui permettaient d’acheter des armes, et d’autres matériaux pour faire la guerre. Ces aides venaient des membres mais aussi de l’aide extérieure. On pense à Sékou Touré, à Kadhafi, à Staline, au Fidel Castro ainsi qu’à d’autres pays communistes tout comme les organisations nationales et internationales.Il y a quelque chose que nous ne devons pas perdre de vue c’est que nous ne devons pas penser ces méthodes ont été un pur hasard. Mieux encore que les upécistes n’étaient pas organisaient au contraire, leur organisation était beaucoup plus sophistiquée, et plus profonde qu’on ne le pensait. Les pillages et assassinats ne sont pas commis au hasard mais sont le résultat de procédures soigneusement menées. C’est ainsi qu’ils avaient également mis sur pied une armée pour faire face et ceci valablement à l’armée de l’administration coloniale.

II- L’ARMEE ET LA VISION POLITIQUE

1- L’ARMEE : CORPS QUI ASSURE LA DEFENSE DE L’ORGANE FACE AUX PUISSANCES ETRANGERES

Pour ce qui est de l’armée, elle était composée des anciens combattant nous avons parlé plus haut Isaac Nyobé Pandjok, nous pouvons citer ici Mayi Matip qui était aussi un ancien dans l’armée et bien d’autres. Sans compter les jeunes qui étaient formés sur le tas. On comprend alors que l’armée n’étaient uniquement constituée des amateurs mais qu’on y retrouvait des personnes du métier et pour certains qui avaient déjà fait la guerre et partant maitrisaient les tactiques des guerres.C’est ainsi que les départements techniques sont chargés de la fabrication de fusils de pistolets, de l’approvisionnement des munitions, outillage et matériel. LeCNO a donc un véritable appareillage de lutte et la guerre révolutionnaire est en place. Par ailleurs Um Nyobe qui vivait dans le maquis continue d’entretenir une correspondance avec l’ONU, de répondre à des interviews (dans la dépêche de Midi par exemple), de publier des écrits politiques. Le recours à la violence armée pour revendiquer l’indépendance fait alors du Cameroun une spécificité parmi les territoires d’Afrique noire sous la domination française: c’est le seul pays de la zone où on a eu recourt à la lutte armée. Mais au-delà de l’armée le Comité Nationale d’Organisation a une vision des choses, un type de société qu’il souhaite atteindre. C’est ce qui sous tend sa politique qui est la même que celle de l’UPC puisqu’elle est une composante de celui-ci.

2- LA POLITIQUE: PERMETTRE AUX AUTOCHTONES DE S’AUTOGERER

La politique du CNO consiste à être contre les colonialistes et leurs hommes de mains. C’est-à-dire les pro-occidentaux, tous ceux qui luttaient du côté des Occidentaux on peut distinguer ici les espions, les hommes politiques des partis administratifs on pense à André-Marie Mbida, à Pierre Dimalla pour ne citer que ceux-là. Qu’ils soient blancs, noirs ou jaunes et ils sont des alliés de tous partisans du droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes, sans considérations de couleur. Il s’agit ici à Sékou Touré de la Guinée Conakrie, Kwame Nkrumah au Ghana, on peut ajouter à cette liste les Etat Unies D’Amérique, la Russie, et l’ONU. Cette politique vise à s’opposer au système d’indigénat qui est système d’aliénation et d’assujettissement. Ils peuvent alors dire « hommes de Bandoeng, nous sommes les véritables artisans de la détente internationale. Nationalistes révolutionnaires, nous luttons pour acquérir pour le Kamerun et pour lui seul une véritable indépendance nationale avec la réunification ». Cet organe visait aussi la formation des jeunes à la gestion des affaires du pays et ceci sous la direction d’un haut commissaire de L’ONU. On peut donc comprendre à partir de là que l’UPC ne pouvait pas vouloir l’indépendance immédiate puisqu’il prévoyait une période de transition pendant laquelle il sera question de former les citoyens afin qu’ils puissent s’autogérer et être indépendants. Ceci se justifie par ces quels phrases « notre programme pour la solution de l’indépendance est un programme-école. En effet l’article 5 des accords de Tutelle sur le Cameroun prévoit la participation des autochtones à l’administration de leur pays par le développement d’organes démocratiques, représentatifs, etc. Notre demande tendant à obtenir la création d’une assemblée dotée de pouvoirs nécessaires pour délibérer sur les problèmes économiques, socio-culturels, (afin de) fournir aux Camerounais un champ d’apprentissage à la gestion des affaires de leur pays ». La CNO entreprend alors de mettre sur pied une véritable administration parallèle à celle des colons au Cameroun.

De tout ce qui précède peut-on dire que le Comité National d’Organisation a réussit à sa mission ? Une telle question nous renvoie au bilan. Lequel bilan peut s’étendre sur plusieurs plans: économique, socio-politique et culturel.

IV-LE BILAN

Le bilan s’étale sur plusieurs plans : économique, social et politique.

1-SUR LE PLAN SOCIAL

Sur le plan économique, on peut noter la lutte soutenue contre la restauration du travail. Le CNO a également appuyé les revendications du Syndicat des Travailleurs Camerounais en abrégé (CGT) et du Kumsze pour la liberté de la culture café en région Bamiléké.

2-SUR LE PLAN SOCIAL

Sur le plan social nous avons la suppression de l’indigénat, de travaux forcés, la construction des écoles, on peut également parler de la baisse du taux de discrimination. L’établissement des cartes d’identité, des actes de naissance et de mariage, nous avons également les titres fonctions. L’application de constitution et les accords de Tutelle sont concrétisés par une vaste campagne pour la liberté de réunion, de presse, d’opinion, d’association. En un mot le respect des libertés fondamentales.

3-SUR LE PLAN POLITIQUE

Comme réalisation en politique, nous pouvons noter la participation des autochtones dans l’administration du pays les Camerounais peuvent désormais se présenter aux élections même si le vote est encore sélectif. Les luttes menées par le CNOont participé à l’indépendance du Cameroun. Le Cameroun devient donc un Etat indépendant. Cependant il y a eu des obstacles à la réalisation de la majeure partie des objectifs fixés par cet organe mis sur pied par l’UPC.

Le bilan est plus négatif que positif. Parce que Messmer et ses conseillers nomment un délégué à dans la région sud-Cameroun pour rétablir l’ordre dans la Sanaga Maritime. Le 9 décembre, la Zone de Pacification du Cameroun (ZOPAC) est créée. Cette campagne s’étendra sur onze mois et sera la dernière campagne de « pacification » menée par l’armée française sur le continent africain. L’action s’avère efficace puisque le nombre de maquisards de l’UPC capturés et qui se rallient augmente sans cesse: De 70 en mars il atteindra 320 en novembre. Le 7 juin, le général Nyobé Pandjock Isaac est surpris dans son poste de commandement et tué. La confrontation militaire tourne à l’avantage des forces armées françaises. Um Nyobé est toujours au maquis, mais de plus en plus seul, entouré de proches (sa compagne et son dernier né notamment). Les conditions de vie sont de plus en plus difficiles pour lui d’autant plus que son réseau de soutien, d’aide et de fidélité se démantèle progressivement. En août il se rend secrètement à Douala, où une réunion clandestine de dirigeants se tient. Lors de la réunion, Um affirme que son devoir est d’être dans le maquis tant que l’indépendance ne sera pas proclamée(il se méfie des promesses faites par la France d’accorder l’indépendance à terme) et en tant que symbole de la nation Camerounaise, il ne peut abandonner le flambeau de la nation Camerounaise. Mais il se dit prêt à renoncer à la lutte armée si ses camarades de l’UPC pensent que le retour à la bataille légale est une solution. On peut remarquer que le discours de Um Nyobé change parce qu’il voit qu’il a déjà perdu beaucoup de membres dans cette bataille et qu’il fut enfin qu’elle cesse. Seulement,Après une longue période de repérage où ils ont été aidés par les « ralliés », et les indics « traitres », les services de renseignement parviennent à localiser la zone dans laquelle Um Nyobé se cache dans le maquis. Les patrouilles se multiplient dans cette zone et le samedi 13 septembre 1958, dans les environnements de Boumnyébel, une des équipes d’un détachement opérant par groupe de quatre à cinq personnes découvre un campement fraichement abandonné. La zone est quadrillée, et quelques temps plus tard, une patrouille de tirailleurs saras (Tchad) commandée par un sergent-chef africain découvre quatre hommes cachés dans les buissons. L’indicateur qui conduit jusqu’à Um Nyobé le désigne du doigt. Alors que ce dernier cherche à s’enfuir, il est abattu de plusieurs balles par un des soldats. L’un des quatre morts sera identifié comme étant Um, par les notables de Boumnyébel. Prés de son cadavre, on retrouve la sacoche qu’il transportait avec lui. Elle contient des archives de l’UPC et le carnet dans lequel le « Mpodol » notait ses rêves et ses pensées quotidiennes, les tâches à accomplir.Après la mort de Um Nyobé, le CNO est en mal il a perdu presque tous ses piliers et certains comme Mahi Matip ce sont ralliés au gouvernement d’Ahmadou Ahidjo deuxième premier ministre Camerounais et Premier Président. Nous voyons d’après les analyses qui ont été faites que, le CNO n’a pas atteint ses objectifs majeurs puisqu’il a perdu ses membres influents et aussi parce que les idéaux de l’UPC étaient considérés par les colons comme étant révolutionnaires. Aussi les colons n’avaient aucun intérêt à porter ce parti à la tête du gouvernement. Puisque leur principal objectif était de garder un œil dans la gestion des affaires du pays ce qui était contraire aux objectifs de l’UPC, il était plus profitable pour eux de solliciter les pro-occidentaux. Ceci a été d’autant plus facile dans la mesure où ils avaient déjà crée des partis administratifs comme : l’ESSOCAM de Mayi Matip,UNC d’Ahidjo, la BDC d’André-Marie Mbida. C’est pourquoi c’est la coalition parlementaire Paysans Indépendants, Union Camerounaise (UC) et Démocrates Camerounais qui gouverne. De plus, ces groupes parlementaires forment à eux seuls la totalité des députés à l’Assemblée Législative. Même une élection dans la région de Ruben Um Nyobé ne changera pas le rapport de force. Puisque le Haut Commissaire Pierre Messmer ne peut pas juridiquement révoquer le Premier ministre André-Marie Mbida de ses fonctions. Même après que Mbida soit relevé de ses fonctions en 58, l’UPC ne sera pas à la tête du gouvernement Camerounais. C’est d’ailleurs ce qui explique l’échec du Comité Nationale d’Organisation. Puisqu’on sait qu’un parmi politique pour asseoir son idéologie a besoin d’être à la tête de l’Etat. Parce que les idées dominantes sont à toutes les époques celle de la classe dominante. Dans notre cas elles sont celles du parti dominant. Qui à travers des appareils idéologiques: l’église, l’école, l’administration; et les appareils répressifs: les commissariats, la justice, nous amènent même inconsciemment à épouser ses vues. Le CNO malgré plusieurs efforts n’a pas réussit à pérenniser sa vision. Même si elle a évolué clandestinement après la mort d’Um jusqu’en 1970, le résultat reste le même. Et en 72 le président Ahidjo proclame l’unification et l’UPC tout comme les autres partis se joignent et forment le parti unique. Cet échec est d’autant plus visible dans la mesure où même 50 ans après les indépendances, le Cameroun n’a toujours pas atteint les objectifs que l’UPC c’était fixé pour sortir de cette situation lamentable. C’est la preuve qu’une doctrinemeurt lorsque ses initiateurs meurent également.

CONCLUSION

Notre analyse qui portait sur le Comité d’Organisation Nationale, nous a permis de savoir qu’il s’agit d’une armée qui a été mise sur pied par l’UPC afin de contre carrer l’action administrative des colons et de mettre sur pied une administration parallèle. L’étude de ce Comité nous a permis également de savoir quels étaient les objectifs qu’il c’était fixé afin d’accéder à l’indépendance, les moyens matériels, financiers, mais aussi et surtout son armée et la politique de l’UPC. Au sorti de nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que cet organe a joué un rôle dans la lutte pour l’indépendance du Cameroun. Dans la mesure où il a été d’un certain apport sur le plan économique, politique et social. Seulement nous avons également noté que si le CNO n’a pas pu réaliser ses objectifs majeurs c’est parce qu’il a eu des obstacles épistémologiques tels que: les Camerounais d’abord qui ne partageait pas la même vision de l’indépendance que l’UPC et partant qui ont créé des partis à caractère administratif, ensuite les colons qui voulaient avoir une certaine ingérence dans les affaires du pays et enfin la perte des grosses pointures tels Ruben Um Nyobé, Isaac Nyobé Pandjock et bien d’autres. Ce qui a fragilisé le groupe et l’a amené à s’effriter en 70. On comprend donc que la faillite du CNO a un impact encore aujourd’hui sur le Cameroun. Puisque nous n’avons toujours réussi à nous prendre en charge. C’est pourquoi ces objectifs restent encore d’actualité et leur applicabilité sera sans doute ce qui va permettre notre libération totale. Qui est la condition sinéquanonne pouvant nous sortir de la disette dans laquelle nous sommes encore plongés.

PLAN

INTRODUCTION

I- OBJECTIFS DU COMITE NATIONAL D’ORGANISATION: PROGRAMME POUR SORTIR DU JOUG COLONIAL

1- Sur le plan social: abolir toute forme de discrimination

2- Sur le plan politique : Etre des citoyens

II- LES METHODES

1- La coercition

2- La voie des médias

3- L’apport extérieur

III- L’ARMEE ET LA VISION POLITIQUE

1- L’armée: corps qui assure la défense de l’organe face aux puissances étrangères

2-La politique: permettre aux autochtones de s’autogérer

IV- LE BILAN

1- Sur le plan économique:

2- Sur le plan social

3- Sur le plan politique

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

1- Mbembe A, La Naissance du Maquis au Cameroun, Paris, Khartala,1996.

2- Mbembe A, « Ecrits sous maquis », Paris, Harmattan, 1989.

3-Mbembe A, « Cameroun », in Politique Africaine N°22A.

Quelle Morale pour l'Afrique en ce temps de disette?

Depuis plus de six siècles, l’arrivée des Occidentaux a entraîné d’énormes pertes et troubles en Afrique. Notamment avec l’esclavage, l’impérialisme, le colonialisme et de nos jours le néocolonialisme; l’africain a été dépossédé de son identité et de ses terres. Aussi, même après l’indépendance, l’Afrique n’arrive toujours pas à se reconstruire ce qui explique la disette profonde qu’elle connait encore aujourd’hui. On se demande alors bien ce qu’il y a lieu de faire pour pallier à ce bémol. Quelle morale appropriée permettra à l’Afrique de quitter sa situation de dépendance ? Le problème posé par ce sujet est celui du choix d’une morale bonne pour l’Afrique. Résoudre un tel problème revient d’abord à décrire la disette dont elle fait preuve, montrer comment ces différentes morales ce sont pratiquées et en dernière analyse proposer la morale la meilleure et voir dans quelle mesure elle peut s’appliquer aujourd’hui.

Avant l’arrivée des Occidentaux en Afrique, même si cette dernière n’était pas le paradis les Africains étaient unis. Et Senghor le démontre dans l’Anthologie africaine de Jacques Chevrier dans son poème « ils sont venus » en disant :

Ils sont venus au clair de lune

On dansait on riait.

Ce qui est la preuve de l’existence d’une fraternité et surtout d’une ambiance sereine. C’est avec la présence des colons surtout à partir du moment où ils commencent à signer les traités à caractère commerciaux avec les chefs traditionnels que le calvaire commence. On pense notamment au commerce des esclaves noirs en partance pour l’Europe; en retour les chefs recevaient l’alcool, les fusils, la pacotille…etc. Les Noirs étaient donc échangés contre les choses et partant étaient eux-mêmes chosifiés voire animalisés ; puisqu’on les traitait moins que les animaux. C’est ce que nous devons comprendre lorsque dans Cahier d’un retour au pays natal Aimé Césaire affirme : « Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes, que les pulsations de l’humanité s’arrête aux portes de la négrerie (…) et on coûtait moins chère que les pagnes d’Irlande ».Ceci veut également signifier que les Africains ne sont pas des personnes civilisées, ils ont donc besoin de civilisation, qui est l’apanage de l’Occident. C’est pourquoi ils pouvaient se vanter d’avoir reçu une mission civilisatrice. Laquelle s’est perpétuée avec l’impérialisme, la colonisation et le néocolonialisme. Au sortie de tout ceci l’Afrique a besoin de se relever mais alors comment ? Avec quelle morale ?

La morale des mauvais jours précisément celle stoïcienne enseigne que l’on ne peut atteindre la liberté et la tranquillité qu’en étant insensible au confort matériel et à la fortune extérieure et en se consacrant à une vie de raison et de vertu. Bien plus la doctrine stoïcienne selon laquelle chaque être humain est une partie de Dieu et que tous les hommes constituent une famille universelle ne peut nous sortir de notre situation actuelle dans la mesure où les Africains ont essayé de mettre en pratique cette doctrine et ça n’a pas marché. Pendant la période coloniale nous avons pris les Occidentaux comme nous-mêmes et avons à moment donné levé les barrières nationales, au point ou la domination était devenue quelque chose de naturelle. Le stoïcisme nous endort et empêche toute tentative de changement puis que tout devient naturel et on reste dans une logique défaitiste on va faire comment. Un peu comme-ci on devient les pions de la nature. Nous pensons qu’une telle attitude peu plutôt davantage nous maintenir vers le bas. Parce qu’on ne peut pas prendre quelqu’un comme nous-même quand pour cette personne on ne représente rien. Seulement dans les années 40 la majorité des Africains ont dépassé le stoïcisme et ont adopté une morale collective. Laquelle morale leur a permis de se soulever contre les Colons pour revendiquer leur indépendance. Là les Africains se sont levés comme un seul. D’ailleurs on ne parlait pas de l’indépendance de tel ou tel pays en particulier mais de l’indépendance de l’Afrique en général. Parce tous les Africains avaient le même intérêt sortir de la domination. Et partant tous s’entraidaient et parfois formais les parties politiques qui pouvaient s’étendre d’un pays à un autre on pense au Cameroun et au Nigeria. On voit qu’il n’y avait aucune discrimination d’ordre raciale ou ethnique; et c’est cette fraternité là, cette alliance qui nous a permis d’avoir cette petite liberté qu’on a aujourd’hui. Cependant, au lendemain des indépendances on retombe aussitôt dans un utilitarisme égoïste. Qui consiste à ne rechercher que l’intérêt personnel. Tout ceci parce que certains pays se croient plus avancés que d’autres et ne veulent pas courir le risque de s’unir aux autres. Mais une telle attitude a une explication logique dans la mesure où pendant la lutte pour les indépendances il y avait les nationalistes qui étaient pour une indépendance totale et immédiate avec le départ immédiat des puissances coloniales. Aussi ces derniers voulaient d’abord la réunification des peuples Africains et d’autres les pros occidentaux qui étaient pour une indépendance lointaine qui supposait aussi la reconnaissance des colons comme nos pères et maitres et leur droit d’ingérence dans nos affaires. Et la voie qui triomphe est la deuxième puisqu’elle allait en conformité avec les colons qui voulaient partir sans partir. On comprend donc que pour les pro-occidentaux l’Afrique ne devaient pas s’unir puisque déjà il y a un côté anglophone qui luttait pour les intérêts des Anglais et francophone pour les Français. Aussi, les Occidentaux n’avaient aucun intérêt à voir l’Afrique s’unir c’est au contraire l’unité qui devait constituer un frein à leurs intérêts. Tout cet argumentaire était juste pour montrer que ceux qui ont lutté pour l’Afrique n’ont pas pu porter leurs idéaux au sommet puisqu’ils ont été soit tués soit mis de cotés. Et que ceux qui ont pris les reines servaient juste les intérêts de l’extérieur. Ce sont les Africains qui n’aiment pas l’Afrique et n’ont aucun intérêt à ce qu’elle sorte de la disette. L’Afrique reste donc pseudo indépendante dans la mesure où elle doit toujours rendre des comptes aux puissances tutélaires Nkrumah peut alors dire que le néocolonialisme est le stade ultime de l’impérialisme.

Bien plus, cette utilitarisme s’explique également par le fait qu’en 1963 quand les tous chefs d’Etats Africains ce sont rassemblés à Addis Abebas pour penser un projet commun de développement pour l’Afrique Nkrumah à proposer la création des Etats Unis d’Afrique; idée qui a été avortée par la majorité des chefs d’Etats qui ne voyaient aucun intérêt à s’unir surtout qu’à cette période il y avait des Etats plus avancés que d’autres et en aucune façon ceux-là n’étaient disposés à s’unir avec les pays plus pauvres. Chaque pays ne recherchait donc que son propre intérêt. On voit là un utilitarisme égoistique. Qui nous plonge dans la morale relative. Chacun cherche ce qui est bien pour lui au détriment des autres. C’est précisément une telle attitude qui maintient l’Afrique vers le bas, puisque même les Européens qui sont développés ont vu l’urgence de s’unir; c’est l’union qui fait la force et ils ont mis sur pied l’UE (Union Européenne) afin de sauvegarder de leurs intérêts et de faire face à l’ennemi commun : les Arabes. Mais les Africains ne trouvent aucun intérêt à s’unir. Puisque toutes les organisations mises sur pied l’UA, la Cemac ne sont que des instruments, des décors qui ne changent rien à leur situation initiale. Les Camerounais ne sont libres dans leur sous région, il y a des violences des discriminations, des meurtres qui sont la preuve de l’immoralisme dont fait preuve l’Afrique. Et que dire de la multitude des intellectuels Africains qui étaient sensés éclairer la lanterne du peuple et penser les voies et moyens pour sortir l’Afrique de sa situation d’assistés ? Comment comprendre que l’Afrique soit aussi riche matériellement avec autant d’intellectuels qu’elle comprend aujourd’hui être dans cette situation de disette 50ans après les indépendances ? Est-ce parce que ces derniers sont indifférents aux problèmes de l’Afrique ou parce que leurs écrits ne sont pas pris en comptes ?

Certains intellectuels ont proposé des pistes pour sortir de cette disette on à Nkrumah qui a rédigé une pléthore d’ouvrages à cet effet. Notamment avec son livre l’Afrique doit s’unir ou il démontre que la survivance de l’Afrique libre, les progrès de son indépendance et l’avance vers l’avenir radieux auquel tendent nos espoirs et nos efforts dépendent de l’unité politique « si la majeure partie de l’Afrique était politiquement une, il pourrait se créer une Afrique unie, grande et puissante, où les frontières territoriales qui nous restent de l’époque coloniales seraient désuètes et inutiles, et travailleraient à une mobilisation complète et totale de l’organisme de planification économique, sous une direction politique unifiée. Les forces qui nous unissent sont plus grandes que les difficultés qui nous divisent à présents, et notre but doit être de rendre à présent et notre but doit être de rendre l’Afrique digne, moderne et prospère »[1]. On comprend alors que pour cet auteur il y a une urgence de s’unir. Concrètement, il propose pour commencer une constitution à l’intention des Etats qui accepteraient de constituer un noyau ; en laissant la porte à tous ceux qui désireraient se fédérer ou obtiendraient la liberté qui leur permettrait de le faire. Aussi cela suppose la mise sur pied d’un parlement continental à deux chambres, dont l’une représenterait la population et discuterait des nombreux problèmes auxquels l’Afrique doit faire face, et l’autre, qui assumerait l’égalité des Etats, sans considérations de taille ni de population, chacun d’eux y voyant le même nombre de délégués ; formulerait une politique commune dans tous les domaines qui concernent la sécurité ; la défense et développement de l’Afrique

Bien plus, Towa voit plutôt comme obstacle à l’Afrique le fait de chercher à tout prix à s’enfermer dans l’héritage culturel qui est une sorte de régression. Pour lui, le développement passe par une critique sans complaisance de l’héritage culturel et surtout en se mettant à l’école Occidentale pour copier la techno science qui a permis à l’Europe de se développer. « Notre liberté, c’est-à-dire, l’affirmation de notre humanité dans le monde actuel, passe par l’identification et la maîtrise du principe de la puissance européenne, car si nous ne nous approprions pas ce principe, si nous ne devenons pas puissant comme l’Europe, jamais nous ne pourrons secouer le joug de l’impérialisme européen ».[2] Mais nous voyons qu’aujourd’hui les Africains sont spécialistes de science et technique mais notre situation n’a pas beaucoup changer sinon négativement.

Aussi, Njoh Mouelle a proposé aux Africains comme solution de quitter la médiocrité pour l’excellence. Et l’aspect fondamental de l’homme par où il réalise son excellence est l’aptitude à la liberté, à la créativité. L’homme excellent recherche également le bien universelle « l’homme excellent, en tant qu’il prend des initiatives novatrices, engage le sort de ses semblables. Il doit agir de telle sorte que vouloir son propre bien ne contredise pas le bien des autres ; en d’autres termes vouloir son propre salut et vouloir le salut de ses semblable doivent être une seule et même chose. Il n’est responsable que parce qu’il est apte à la liberté ; et si sa recherche de la liberté devrait nuire à la libération des autres, il fait échec par là même à sa propre libération et se dénoncerait comme indigne de la responsabilité de l’humain ».[3] D’après ce point de vue de Njoh Mouelle, nous pouvons conclure que les africains pour sortir de la disette doivent chercher à être des hommes excellents ceux-là qui se libèrent de façon perpétuelle et qui sont responsables autant d’eux-mêmes que des autres. Et l’homme est au centre du développement ceci suppose qu’il est une valeur au dessus de tout. Et partant qu’il ne peut servir de moyen pour atteindre des fins égoïstes. Comme c’était le cas pendant la période coloniale.

Comme autre solution pour sortir de la disette Fanon est pour le dépassement, l’autodépassement pour lui, il n’est plus question aujourd’hui de nous apitoyer sur notre sort mais de nous affirmer entant qu’existant. Autrement dit, à une philosophie des essences ; il fait substituer une philosophie de l’existence. Il s’accorde ainsi avec la pensée de Sartre suivant laquelle « je ne suis pas une essence, je suis une existence, je me choisis perpétuellement [4]». La pensée fanoniénne est une pensée de libération, un culte de la liberté. C’est celle-là que Fanon conseil aux colonisés d’abord puis aux décolonisés ensuite. Puisque si je ne suis pas prisonnier de l’histoire, je ne dois pas y chercher le sens de ma destinée. Je dois me rappeler à tout instant que le véritable saut consiste à introduire l’intervention dans l’existence. Dans le monde où je m’achemine, je me crée interminablement. Je suis solidaire de l’être dans la mesure où je le dépasse.

De tout ce qui précède nous avons vu que seul nous ne pouvons rien et ensemble nous sommes comme une armée solide et indestructible. C’est pourquoi nous devons faire nôtre ce proverbe africain « une main ne peut pas attacher un paquet ». Les Africains ont besoin d’unir leurs forces afin de s’imposer sur la scène internationale. C’est après une union forte que les Africains peuvent se révolutionner pour combattre l’occident car pour parler comme Fanon, aussi longtemps que le peuple dominé n’a pas recouvré ce pouvoir, il n’est pas en mesure de redonner vie à sa culture constituée parce que, entant que dominé, il ne peut rien décider. La révolution renverse le rapport colonial de forces et place de nouveau le peuple colonial en position d’opérer des choix, de les faire respecter et de les concrétiser, dans le domaine politique et économique, mais aussi dans celui de la culture. Un des facteurs les plus importants intervenants dans la renaissance culturelle déterminée par la révolution réside dans le rôle des masses moins atteintes par l’occidentalisation. La révolution est avant tout promotion des masses et, par conséquent, promotion de leur culture demeurée largement traditionnelle. La proposition de Fanon nous semble plus réaliste que les précédentes. C’est pourquoi nous pensons que les Africains doivent prendre leur destin en mains et arrêter de penser que c’est l’Occident qui devrait nous sortir de cette disette dans la mesure où il est responsable de ce que nous sommes devenus. C’est un leurre que de penser.

Au sorti de notre analyse qui portait sur la morale adéquate pour ce temps de disette, nous avons fait le tour des morales et avons remarqué que toutes ces morales ont déjà été pratiquées en Afrique. Seulement il n’y a pas de morale bonne en soi qu’on pourrait poser comme un remède à tous les maux. Puisque toutes ces morales peuvent s’appliquer dans un pays ou un continent à différente période. C’est pourquoi nous pensons que la morale appropriée en ce temps de disette pour l’Afrique est la morale collective. Vu qu’elle est la seule qui permet aux Africains de se réunir, de rechercher l’intérêt commun. C’est-elle qui nous a permis de nous unir comme un seul pendant les indépendances et de revendiquer notre indépendance. Les Africains gagneraient donc à s’impliquer dans les organisations continentales pour discuter de leur devenir. Puisque ce n’est qu’en étant uni qu’on peut sortir le plus rapidement possible de notre situation malheureuse. Il est donc opportun pour nous de prendre notre destin en main et d’arrêter de nous apitoyer sur notre sort. Face aux structures nous pouvons toujours arriver à nous imposer et à marquer l’histoire d’une pierre blanche.

BIBLIOGRAPHIE

1- Clément Mbom, Frantz Fanon Aujourd’hui et Demain, Paris, éd. Clé, 1972.

2- Ebénizer Njoh Mouelle, De la Médiocrité à l’Excellence, Yaoundé, éd. Clé, 1972.

3- Kwame Nkrumah, L’Afrique doit s’unir, (3éme éd) Paris, Présence Africaine, 1994.

4- Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, Yaoundé, éd. Clé, 1971.


[1] -Kwame Nkrumah, L’Afrique Doit s’Unir, Paris, Présence Africaine, 1994, P.253-254.

[2]- Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle, Yaoundé, éd. CLE, 1971.P.55.

[3]- E. Njoh Mouelle, De la Médiocrité à l’Excellence, Yaoundé, éd. CLE ,1972. P.159.

[4]-Clément Mbom, Frantz Fanon Aujourd’hui et Demain, Paris, éd. Fernand Nathan, 1985.P. 267-268.